ETIENNE ECZET

Diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD) de Paris, France.
PRIX ET RESIDENCE
2017
Prix des publications du musée du quai Branly
"Profondeur et points de vue dans la statuaire africaine. Essai sur une autre épistémologie du réalisme », co-écrit avec Jean-Baptiste Eczet, enseignant chercheur à l'Ecole des Hautes Etudes de Sciences Sociales (EHESS), Paris.
2005 - 07
Pensionnaire à la Casa de Velazquez, Madrid, Espagne.
2004
Prix Georges Coulon de l’Institut de France, Paris, France.
2003
Prix de sculpture Ardoin de l’Académie Nationale des Beaux-Arts, Paris, France.
2002
Prix de sculpture Paulette et Marcelle RIGAL de l’Académie Nationale des Beaux Arts, Paris, France.
Premier prix de sculpture du Salon International de la Francilienne des Jeunes Talents, Nozay (95), France.
2001
Prix du Bronze de l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD), Paris, France.
EXPOSITIONS
2022
Exposition collective Genesis NFT avec la galerie Kazoart dans Cryptovoxels, Metavers.
Exposition collective au Festival des Arts de Mazamet (81), France.
2018
Exposition collective à la manifestation Place Auz'artistes, Auzeveille-Tolosane (31), France.
2009
Exposition personnelle à la Galeria EME04, Madrid, Espagne.
Exposition collective à la Galerie Oberkampf, Paris, France.
2007
Exposition collective à la Villa Lemot, Clisson (44), France.
Exposition collective à l’Institut de France, Paris, France.
Exposition statutaire de la Casa de Velazquez, Madrid, Espagne.
2006
Exposition collective à l’Institut de France, Paris, France.
Exposition personnelle au Château de Cambiac (31), France.
Exposition statutaire de la Casa de Velazquez, Madrid, Espagne.
2003
Salon d’Automne, Paris, France.
Salon International de la Francilienne des Arts, Longpont (95), France.
Invité d’honneur au Salon International de la Francilienne des Jeunes Talents, Noza (95), France.
BIBLIOGRAPHIE
En cours de publication
« Profondeur et points de vue dans la statuaire africaine. Essai sur une autre épistémologie du réalisme", co-écrit avec Jean-Baptiste Eczet, enseignant chercheur à l'Ecole des Hautes Etudes de Sciences Sociales (EHESS), Paris.
2007
Catalogue Les Artistes de la Casa de Velasquez, septembre 2005 - juillet 2007.

A l’origine de ma vocation artistique, je retrouve dans l’enfance les deux tracés qui orientent mon regard. Témoin ébahi des exclamations emphatiques de ma mère devant la beauté des paysages, je comprends que la source est un puissant sentiment d’émerveillement. Je reçois cette perception comme un exemple fondateur. De l'atelier de restauration d'oeuvres d'art de mon père, je conserve une proximité décomplexée avec les artistes de toutes les époques et leurs oeuvres. Je les imagine comme des amis s'invitant à la maison, favorisant ainsi des échanges intimes, libérés de la sacralisation imposée par les institutions. Aujourd'hui, le musée représente pour moi un lieu de retrouvailles, émaillées de conversations fructueuses lors de longues contemplations silencieuses.
Durant mes études d'art, je suis initié aux problématiques qui animent l'art contemporain. Je réalise toutes sortes d'installations, et même quelques performances, autour de la question du corps. Si le processus de réflexion enseigné me passionne, le désintérêt, voir le mépris du dessin et de la représentation par les institutions académiques de l'époque, me révolte. Par hasard, aux Arts Déco, je pousse la porte d'un atelier de modèle vivant et je croise le regard de celui qui sera mon maître : le sculpteur et dessinateur Charles Auffret. Autour de sa figure bienveillante et de son enseignement exigeant, dessinent d'après modèle toute une bande de jeunes gens animés d'une vocation vivante pour les arts. Auffret nous apprend à contempler la nature, nous débarrassons nos dessins des oripeaux qui les encombrent en apprenant à nous connaître nous-même. De cet enseignement, je garde précieusement l'admiration profonde pour le corps de la femme et le respect infini pour la personne du modèle. Plus tard, je suis impressionné par l'oeuvre et la radicalité de la recherche d'Alberto Giacometti. Je me représente ses sculptures comme des diamants terriblement denses et lumineux, trahissant l'amour d'un homme pour le miracle de la vie douloureusement menacée par la finitude. Il ouvre la possibilité d'une nouvelle représentation du monde et offre une vigueur toute contemporaine à ces arts si anciens que sont le dessin et la sculpture. Au sortir de l'école, j'obtiens une reconnaissance académique précoce : des prix et surtout une résidence de deux années à la Caza de Velazquez à Madrid.
Pour la première fois, j'ai la possibilité de me consacrer tout entier à ma pratique. C’est une séquence de grande activité créatrice et d'émancipation intellectuelle, de rencontres hors-normes et de mondanités. Malgré ces succès, je rentre en France pétri d'un doute si vertigineux que je pense sérieusement à renoncer à mon oeuvre. La sculpture et le dessin me semblent anachroniques et je me sens profondément désorienté. Mes recherches toutes azimuts se soldent au final par une crise d'identité, je me sens muet et vide, comme si tout ce désir d'art n'était qu'une illusion. Je continue cependant à travailler dans la solitude de mon atelier, mais dorénavant je refuse farouchement de montrer ce que je fais. Inspiré par l'oeuvre de Giacometti et nourri d'une observation de la nature à m'en brûler les yeux, j'entame de nouvelles recherches autour de la perception du réel et de la représentation plastique. Au fil des années, j'exerce mon regard, je remets en question l'évidence, j'explore les moyens et les sujets. De puissants enthousiasmes saisissent ce labeur secret, mais retombent aussitôt, noyés par la conviction de la stérilité de l'entreprise. Les pièces réalisées me semblent grotesques et empruntées. A l'époque, je suis loin d'imaginer les conséquences de cet exil.
A la Fondation Peggy Guggenheim à Venise, mes yeux se posent sur une statue Dogon qui résonne étrangement avec mes recherches. Je vois dans la stylisation de cette pièce la perspective anamorphosée que je tente dans mes sculptures. Au détour d'une conversation, mon frère Jean-Baptiste, anthropologue africaniste, saisit immédiatement la nouveauté scientifique de cette intuition. Nous rédigeons ensemble un article qui lève un reliquat de l'obscurantisme colonial sur le génie de la statuaire africaine et nous questionnons la conception même de réalisme. Mon travail prend alors une tout autre dimension lorsque je découvre ma filiation inconsciente, et peut être hasardeuse, à un continent entier qui sculpte depuis des siècles avec un talent consommé. Mon regard s'affirme et ma sensibilité s'équilibre entre tradition et contemporanéité, introspection et accueil du motif extérieur. J'ai trouvé où commence la sculpture et la peinture pour moi, je décide alors de consacrer tout mon temps à mon oeuvre.